

Appel à varia | Communication & Professionnalisation

(Anciennement les Cahiers du Resiproc)
Les trajectoires professionnelles dans les métiers de la communication sont notoirement connues pour être atypiques. Bien que depuis de nombreuses années, nous ayons assisté à des tentatives de standardisation dans les établissements d’enseignement et dans les associations professionnelles (Baillargeon et al., 2013), souvent sous le coup d’une recherche de positionnement que d’un seul désir de rendre professionnelle la communication, les parcours professionnels des communicateurs demeurent hétérogènes (Coutant, 2009). La nature fondamentalement transdisciplinaire ou pluridisciplinaire de la communication appelle des professionnels aux compétences multiples, et aux postures éthiques parfois contradictoires (Maas et al., 2017). Se retrouvent ainsi confrontés des praticiens provenant de spécialisations aussi diversifiées que la sociologie, le marketing, la gestion, les ressources humaines, la politique, la psychologie.
Aussi voit-on des phénomènes de légitimation et de professionnalisation probants de cette atypie : capital professionnel bâti par « hopping » (McLeod, O’Donohoe et Townley, 2011; Nixon, 2003; Pratt, 2006) ou par des dynamiques de liens marchands (Cochoy, 2012); forte rhétorique sur le savoir, à défaut d’une pratique standardisée (Alvesson, 2004); quête constante et ambivalente d’un idéal déontologique et éthique (Maas et al., 2017); polysémie et équivocité des titres d’emploi (David et Motulsky, 2010); identification (ou «désidentification») à un statut professionnel (Jeffrey, Brunton, 2012); contestation du terme «professionnalisme» et croisement (nexus) d’importants questionnements théoriques et pratiques (Cheney et Aschcraft, 2007).
Cette quête incessante d’une professionnalité aboutit à une prolifération de formations et de certifications aux formats comme à la rigueur variables (de la Broise et Morillon, 2014). Ainsi, les professionnels de la communication offrent des temporalités biographiques (Bessin, 2009; Dubar, 2004) atypiques, marquées par des retours aux études, de la formation tout au long de la vie, des oscillations entre projets personnels et projets professionnels, emploi en organisation et travail autonome ou consultation.
Par ailleurs, malgré des efforts de standardisation de la profession, la communication continue d’être le théâtre d’hybridations professionnelles. Les journalistes deviennent relationnistes ou producteurs de contenus (Baillargeon et al., 2016; Bernier et al., 2005); les mathmen deviennent les nouveaux communicateurs à l’aune du big data (Couldry et Turow, 2014; Messinger, 2014); les responsables des RH endossent la fonction de communicateur interne (Talal, 2013). Soulignons aussi les fertilisations croisées entre politique, marketing et communication (Kugler, 2006 ; Stenger, 2012) Bref, autant d’indices que cette profession “échappe inévitablement à toute maîtrise systématique” (Champy, 2009, p. 84).
Depuis le lancement, en 2011, du RESIPROC, entre autres sous le coup du dévoilement de la Grande enquête sur les pratiques généralement admises (David et Motulsky, 2010), les activités du Réseau ont pu relever l’atypie des parcours des professionnels, dont la reconnaissance demeure constamment à faire. Soumise à des tensions (Baillargeon et al. 2013), à des dispositifs d’apprentissage instables (Lépine et David, 2014), à des transformations portées par le numérique (Coutant et Domenget, 2015), des prescriptions et des dynamiques d’émancipation (Brulois et al., 2017); des tensions éthiques (Maas et al., à paraître), cette professionnalisation reste à légitimer.
Pour cette 6e parution de Communication & professionnalisation, les auteurs sont invités à soumettre des réflexions théoriques, empiriques ou pratiques sur les trajectoires des professionnels de la communication.
Plus particulièrement, mais de façon non exclusive, sont attendues des réflexions portant sur les quatre axes suivants :
Le colloque international qui s’est tenu à Agadir du 18 au 20 mai 2016 a permis d’interroger la notion d’éthique en lien avec la professionnalisation des communicants au travers de différents aspects. La revue Communication et professionnalisation lance un appel à articles pour son numéro 5 afin d’approfondir la réflexion autour de six points non exclusifs (des propositions liées au sujet général mais non directement liées à un des points suivants sont acceptables) :